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Commission des Nations Unies sur les drogues.. encore beaucoup de travail…

Vienne, où je participais récemment à la 55ème session de la commission des Nations Unies sur les narcotiques et les drogues (CND). J’y retrouve la cohue affairée des diplomates venus débattre de “résolutions” et que j’ai souvent côtoyée ces dernières années aux Nations Unies à New York. A la différence, cependant, des réunions des Nations Unies sur les objectifs du Millénaire, les débats me sont apparus ici englués et stériles.

Pas de résultats. Ou plutôt,  le constat que, malgré des investissements colossaux dans la”guerre contre la drogue” déclarée par le Président Nixon, la production et la mise en circulation d’opiacés se sont accrues dramatiquement dans le monde, de près de 400 pour cent depuis les années 80. Le constat également, que la “guerre contre la drogue” aura été un facteur important de l’expansion de l’épidémie du VIH/Sida. Les pays dans lesquels l’épidémie est largement dépendante de l’usage de drogues illicites injectées et dont les politiques publiques s’appuient sur les concepts prônés par la “guerre contre la drogue” , restent confrontes a une croissance épidémique, alors que le nombre des nouvelles épidémies diminue dans le reste du monde, en particulier en Afrique. Cinq des sept pays du monde ou l’incidence de l’infection par le VIH a cru de plus de 25 pour cent dans les dix dernières années, se trouvent en Europe de l’Est et en Asie centrale avoisinante. Le constat, enfin, que la “guerre contre la drogue” aura été associée à une augmentation de la mortalité liée à l’usage de drogues et de la violence.

Et pourtant, les politiques publiques restent bien lentes à changer ou ne changent pas. Les conventions internationales dont débat la CND datent des années soixante, vingt ans avant l’irruption de l’épidémie. Dans de nombreux pays, en dehors de l’Europe occidentale et de l’Australie, ces politiques publiques affirment clairement une priorité à la répression aux dépens de la santé publique.

« Rien ne doit bouger » aura été le leitmotiv de cette session de la CND. A la différence de ce de ce que j’avais vu à New York, la participation des ONG m’a semblé ici tolérée plutôt que souhaitée.

Un épisode de la CND aura réveillé les participants et les débats,  l’intervention du Président Evo Morales demandant que la consommation de feuilles de coca en Bolivie soit considérée comme faisant partie du patrimoine historique et culturel du pays et que la culture de la coca soit reconnue, à condition que le pays démontre qu’elle n’est pas détournée vers la production de la cocaïne dérivée…

Heureusement, la salle était pleine pour le déjeuner organisé par l‘International drug policy consortium ou Ruth Dreifuss, ancienne Présidente de la confédération Helvétique et pionnière des politiques de réduction des risques, et moi-même, intervenions au nom de la Commission Cardoso dont nous faisons partie. Cette commission avait publié il y a un peu moins d’un an un rapport sur la faillite des politiques répressives en matière de lutte contre la drogue. Elle prépare un nouveau rapport centré sur les liens entre politiques publiques de lutte contre la drogue et sida.

A  peine deux-trois heures pour marcher dans ces belles rues anciennes proches du Hofburg ou du Stefansdom. Arrêt indispensable, cependant, pour déguster un Cafe “crème” (au sens propre du terme) au Cafe Diglas, banquettes rouges, journaux suspendus et serveurs en complet. Ici, décidément, le temps prend son temps.

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